Épilation à la lumière pulsée : quels sont les risques ?

L’épilation à la lumière pulsée (ou IPL pour Intense Pulsed Light) est aujourd’hui une technique largement utilisée, aussi bien en institut qu’à domicile. Présentée comme une solution semi-définitive pour se débarrasser des poils, elle séduit par sa promesse d’efficacité et de confort. Mais cette méthode n’est pas sans risques pour la peau, les yeux et la santé globale. Effets secondaires, contre-indications, dangers potentiels : voici ce que vous devez savoir avant de sauter le pas.

Comment fonctionne l’épilation à la lumière pulsée ?

L’IPL repose sur le principe de photothermolyse sélective : l’appareil émet des flashs de lumière qui ciblent la mélanine contenue dans le poil. Cette lumière est transformée en chaleur, qui va détruire progressivement le bulbe pileux. Pour être efficace, il faut un contraste suffisant entre le poil (foncé) et la peau (claire).

Mais attention : la mélanine est également présente dans la peau, notamment lorsqu’elle est bronzée ou naturellement foncée. C’est là que peuvent apparaître des brûlures, troubles pigmentaires ou lésions cutanées si les paramètres ne sont pas correctement ajustés.

Les effets secondaires les plus fréquents

La majorité des utilisateurs rapportent des effets bénins, souvent temporaires :

• Rougeurs (érythèmes), souvent accompagnées d’un œdème périfolliculaire

• Sensation de brûlure ou de chaleur modérée

• Picotements ou inconfort cutané

• Desquamation (peau qui pèle)

• Petites croûtes ou cloques en cas d’intensité trop élevée

Une étude clinique mentionne que 92 % des patients traités développent un érythème transitoire, preuve que la technique, même maîtrisée, n’est pas neutre pour la peau.

Des risques plus graves existent

Bien que rares, certains effets indésirables peuvent laisser des séquelles durables :

• Brûlures du second degré, comme celles rapportées après des séances chez Dépil Tech

• Cicatrices pigmentées (hyperpigmentation ou hypopigmentation)

• Folliculites (inflammation des follicules pileux)

• Apparition de nouveaux poils (hypertrichose paradoxale)

• Douleurs neuropathiques chroniques

• Lésions oculaires irréversibles (cornée, rétine, iris)

• Retard de diagnostic de cancer de la peau, car l’IPL peut altérer l’apparence de lésions précancéreuses

Des cas cliniques illustrent ces situations : des patientes brûlées en institut, parfois après exposition solaire, présentent des cicatrices visibles des mois plus tard. D’autres ont développé des taches dépigmentées en forme de rectangles, reflet des erreurs de manipulation de l’appareil.

Quelles sont les contre-indications à respecter ?

La lumière pulsée ne convient pas à tout le monde. Voici les principales contre-indications reconnues par l’Anses et les experts dermatologues :

• Phototypes très foncés (V et VI) ou peaux bronzées

• Poils dépigmentés : blancs, blonds, gris, duvet

• Présence de grains de beauté, cicatrices récentes, tatouages

• Anomalies ou maladies cutanées : herpès, psoriasis, lupus, vitiligo, antécédents de cancer cutané

• Prise de médicaments photosensibilisants ou anticoagulants

• Grossesse, allaitement ou traitements hormonaux

• Moins de 15 ans

• Épilepsie photosensible, diabète ou maladies infectieuses

• Transpiration excessive avec usage de produits irritants comme Etiaxil

Dans ces cas, l’épilation IPL est soit inefficace, soit dangereuse.

Lumière pulsée à domicile : encore plus de vigilance

Avec la démocratisation des appareils IPL à usage personnel, les utilisateurs s’exposent à un risque accru en raison du manque de formation et d’informations précises :

• Les réglages inadaptés à la couleur de peau ou de poil sont fréquents.

• Les zones sensibles comme le visage, le maillot ou les zones proches des yeux sont plus à risque.

• Des cas de superposition des flashs ou d’utilisation sur peau lésée sont régulièrement rapportés.

Une étude du LNE (Laboratoire National de Métrologie et d’Essais) a révélé que seulement 2 modèles sur 10 étaient fournis avec des lunettes de protection adaptées. Certains n’avaient aucun système de sécurité suffisant pour protéger les yeux des flashs directs ou indirects.

Précautions à prendre pour une séance sécurisée

Pour minimiser les effets secondaires, que ce soit chez vous ou en institut, suivez ces bonnes pratiques :

• Rasez et nettoyez la zone à traiter avant chaque séance

• Ne pas utiliser de produits cosmétiques sur la zone (huile, autobronzant, crème, etc.)

• Protégez vos yeux avec des lunettes spécifiques

• Ne pas passer plusieurs fois sur la même zone

• Espacer les séances d’au moins un mois

• Éviter l’exposition solaire avant et après chaque séance

• Protéger les grains de beauté et tatouages avec un patch blanc opaque

• Ne jamais utiliser l’IPL sur les sourcils, les paupières ou trop près des yeux

En cas de doute, réalisez un test sur une petite surface 24 h avant.

Vers un encadrement réglementaire renforcé

Historiquement, l’arrêté du 6 janvier 1962 réservait les techniques autres que la cire ou la pince aux médecins. Toutefois, en 2019, le Conseil d’État a assoupli cette disposition, invoquant le droit européen. Résultat : des centres esthétiques non médicaux utilisent désormais l’IPL en toute légalité, mais sans formation obligatoire.

Pour remédier à cela, l’Anses recommande :

• L’inscription des appareils IPL dans le cadre réglementaire des dispositifs médicaux

• L’obligation pour les fabricants de fournir des études de tolérance rigoureuses

• La création d’un socle commun de formation pour les professionnels de l’esthétique

• Une meilleure information des utilisateurs sur les risques, contre-indications et précautions à respecter

En résumé : l’IPL, une technologie efficace mais à manier avec prudence

L’épilation à la lumière pulsée peut offrir des résultats satisfaisants sur le long terme, mais elle n’est pas sans danger. Les risques, allant de la simple rougeur à des brûlures graves ou des séquelles esthétiques, doivent être pris au sérieux. Que vous envisagiez une séance en institut ou à domicile, la clé est l’information, la prudence et le bon diagnostic de votre peau.

Avant d’investir dans un appareil ou de réserver une prestation, posez-vous les bonnes questions : ma peau est-elle adaptée ? Mes médicaments sont-ils compatibles ? Le professionnel est-il formé ? Suis-je correctement protégé(e) ?

Mieux vaut prévenir… que rester marqué à vie par un simple flash.